LIBÉRATION / Debussy, Préludes

Ses Préludes résonnent, se déploient lentement sans pour autant jouer d'irisations immenses. Mais, c'est une autre piste qu'explore le pianiste, plutôt qu'une solution, raisonnable. Sur un tempo assez lent, il pratique un éclatement de la partition. Les accords sont si détachés les uns des autres que les doigts sur les touches semblent le jeu du hasard. Comme on tapote un piano au couvercle ouvert, machinalement. Passé cette première impression, déroutante, l'option devient révélatrice du processus de composition : puisqu'il y a une suite de notes harmoniques derrière une note fondamentale, Debussy a écrit la suite d'images qui lui semblait être attachée à ses notes : les Préludes sont comme des archipels. Parfois aucun poids sur la touche, parfois un contraste dynamique qui donne une impression de vitesse : Jean-Louis Haguenauer se situe dans le domaine du son pur, mais pas don son traitement conventionnel ("couleurs"). Et si l'allusion picturale est de mise pour Debussy, elle prend ici des allures lunaires.

Christian Leblé