TÉLÉRAMA / Debussy, Préludes

Jean-Louis Haguenauer va plus loin, plus profond que d'autres dans le piano de Debussy.
Il ne demeure pas à la surface des notes afin de mieux faire admirer son "doigt". Les prétextes, pourtant, ne manquent pas dans ce piano, ma foi, fort "acrobatique", d'en rester là où la virtuosité s'achoppe. Plus ambitieux, sans doute. Haguenauer traque la moindre aventure, le plus singulier évènement pour nous en faire partager la surprise, l'émoi.
De ce fait, le Debussy d'Haguenauer nous est moins familier qu'on pourrait le supposer : il y a, comme dans un tableau d'Edward Hopper, ce qui se passe bien sûr, dans la seconde même et qui nous est montré, mais il y a, surtout, ce qui va se passer après et que rien n'indique. Comme chez le peintre américain, il y a dans cette interprétation le visible et l'invisible et c'est cette "chasse" à laquelle nous participons qui nous rend cette lecture si chère...

Paul Meunier